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Oprah Winfrey

31 mars 2008 1 commentaire

Née d’une mère célibataire, Oprah est comme beaucoup d’enfants noirs nés dans les années 50, confiée à sa grand-mère ce qui d’après elle se révèlera une chance.  Dès l’âge de trois ans la petite Oprah récite des discours à l’église. Elle prend donc très tôt l’habitude de participer à des événements publics et de s’exprimer devant de nombreuses personnes, ce qui se révèlera d’une grande importance pour sa carrière.


De 6 ans à 13 ans, elle vit dans à Milwaukee en compagnie de sa mère. Victime d’abus sexuels et de maltraitance de la part de certains proches de la famille, elle fait une fugue, est envoyé en maison de correction, mais n’y va pas parce qu’il n’y a plus de place. A 14 ans, elle donne naissance à un bébé prématuré qui meurt peu de temps après. Elle est finalement envoyée chez son père à Nashville. Elle y vit sous une discipline stricte « Il voulait le meilleur pour moi et n’acceptait pas que je sois en dessous de mes possibilités ».

 

Oprah commence sa carrière dans les médias à 17 ans quand elle embauchée par une radio de Nashville, et deux ans plus tard par une chaîne de télé locale comme reporter ; Elle suit parallèlement des cours à la « Tennessee State University » où elle se spécialise en communication.


En janvier 1984, elle reprend un show télévisé moribond intitulé « AM Chicago ». En moins d’un an, elle fait de ce show l’émission dont on parle le plus dans toute la ville de Chicago. La durée de l’émission passe alors à une heure et elle est renommée « The Oprah Winfrey Show ».
Le 8 septembre 1986, « The Oprah Winfrey Show » est diffusé pour la première fois sur tout le territoire américain et en moins d’un an devient le Talkshow le plus regardé de tous les Etats-Unis ; Son animatrice reçoit dans la foulée de multiples récompenses.


Peu avant que l’Amérique ne tombe sous le charme de « The Oprah Winfrey Show », celle qui n’était encore qu’une jeune journaliste a tourné dans « la couleur pourpre ». Elle y interprète de façon poignante le rôle de Sophia, ce qui lui vaut une nomination aux oscars dans la catégorie « meilleurs seconds rôles ».


Désireuse d’avoir un contrôle sur ses projets, Oprah Winfrey crée en 1986 la société HARPO Productions Inc. En 1988, elle devient la première femme dans l’histoire de la télévision américaine à posséder et produire son propre Talk Show. Lequel est numéro un aux Etats-Unis depuis plus de 20 ans, est diffusé aujourd’hui dans 122 pays et attire 49 millions de téléspectateurs chaque semaine !


Time Magazine l’a classée parmi les 100 personnes les plus influentes du 20ème siècle. Le « Oprah Winfrey Book Club » créé en 1999 a encore démontré son influence : tous les livres qui sont présentés dans le cadre de l’émission deviennent instantanément des bestsellers !

 

En 2003, Oprah est devenu selon le magazine américain Forbes la première afro-américaine milliardaire en dollars. En septembre 2006, elle fait partie des 400 américains les plus riches (242ème) avec une fortune professionnelle estimée à 1,5 milliards de dollars.

 

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Nelson Mandela

16 décembre 2007 2 commentaires

L’ex-Président sud-africain Nelson Mandela a consacré son existence à lutter contre l’apartheid et à prôner la réconciliation des peuples d’Afrique du sud.

A une époque où la ségrégation raciale contre les noirs est institutionnalisée par le gouvernement, Mandela poursuit des études d’avocat et rejoint, en 1944, les rangs de l’ANC, l’African National Congress, afin de lutter pour l’établissement d’une république démocratique en Afrique du sud. Mis en garde-à-vue, il dirige clandestinement une nouvelle campagne visant l’établissement d’une convention nationale.

Après le massacre de Sharpeville où il y a eu 79 morts et 178 blessés en 1960, les appels à la lutte armée sont plus pressants d’autant plus que l’ANC et le Congrès panafricain sont interdits, ses leaders emprisonnés ou assignés à résidence. La stratégie non-violente de l’ANC est abandonnée par Nelson Mandela qui fonde Umkhonto we Sizwe, réseau prônant l’action armée.

 

Accusé, notamment, d’avoir quitté le pays illégalement, Mandela assure, en vain, sa propre défense avant d’être condamné en 1964 à l’emprisonnement à perpétuité. Quelques années plus tard, il engage de sa cellule des négociations entre l’ANC et le Gouvernement de F. de Klerk en place qui aboutiront à l’abolition officielle de l’apartheid et aux premières élections multiraciales.

En 1991, Mandela est enfin libéré après 28 années de solitude durant lesquelles sa « faim de liberté pour son peuple est devenue faim de liberté pour tous, blancs et noirs ». Dès lors, il comprend que sa mission est la réconciliation et qu’il faut libérer aussi bien “l’opprimé” que “l’oppresseur” lui-même « enfermé derrière les barreaux des préjugés et de l’étroitesse d’esprit ». Car pour lui, s’il a pu « apprendre à haïr », il peut aussi « apprendre à aimer »…


Elu Président de l’ANC, Nelson Mandela reçoit en 1993, conjointement avec F. de Klerk, le Prix Nobel de la Paix et, un an plus tard, se déroulent les premières élections multiraciales qui font de lui le nouveau Président de la République. « Nous sommes nés pour rendre manifeste la Gloire de Dieu qui est en chacun de nous, déclare t-il lors de son élection, et, au fur et à mesure que nous laissons briller notre propre lumière, nous donnons inconsciemment aux autres la permission de faire de même ».

 

Plus que jamais, malgré le très lourd héritage de l’apartheid, Nelson Mandela s’investit dans la reconstruction démocratique, sociale, économique et politique du pays cherchant à combler les besoins urgents de la population noire et à apaiser les craintes des afrikaners. Mais « nous ne sommes pas encore libres, déclare Nelson Mandela à 80 ans, au soir de ses fonctions présidentielles, nous avons seulement atteint la liberté d’être libres, le droit de ne pas être opprimés… car être libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes, c’est vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres ». Une grande leçon d’humilité digne des plus grands…
Aussi, parmi les nombreux bâtisseurs de la nouvelle Afrique du sud, Mandela est perçu comme le Père de cette nouvelle nation : un grand réconciliateur qui a transcendé les limites de sa prison pour œuvrer en faveur de la Paix et qui, sans aucun doute, en dépassera bien d’autres pour parfaire sa mission.

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Ngawang Sangdrol

Jeune religieuse tibétaine, née en 1977 à Lhassa, elle tient  à 10 ans, à participer à sa première manifestation pour la liberté du Tibet et passe 15 jours en détention.

Arrêtée en 1990, à l’âge de 13 ans, pour avoir participé à une nouvelle manifestation, et considérée comme trop jeune pour être jugée, elle passe néanmoins neuf mois en prison, où elle est l’objet de brutalités et de mauvais traitements. A sa sortie, on lui interdit de rejoindre son couvent, comme à tous les anciens prisonniers politiques.
 
Le 12 juin 1992, son père, Namgyal Tashi est arrêté pour avoir manifesté et il est condamné à huit ans de prison. Libéré en juin 1999, il est décédé le 20 septembre 2001 à son domicile après de nombreux séjours en prison. Trois de ses frères sont également emprisonnés. Sa mère décède à la suite de la descente de la police dans la maison familiale. Le fils aîné de la famille fut exécuté en 1976.
 
Ce même mois de juin 1992, Ngawang Sangdrol est à nouveau arrêtée, alors qu’elle tente de manifester à Lhassa, en compagnie d’autres nonnes de Garu et de moines de Ganden. Elle est arrêtée et condamnée à trois ans de prison. Lors de sa détention, en compagnie de 13 autres religieuses, elle enregistre des chants et des poèmes sur un magnétophone introduit clandestinement. Ces chants sont poétiques, non-violents et dédiés à ceux et celles qui les soutiennent. Les 14 jeunes filles voient leurs peines doublées ou triplées. Ngawang Sangdrol écope, lors d’un procès secret, de six ans supplémentaires pour « diffusion de propagande contre-révolutionnaire ». En France, le C.S.P.T lance un premier appel des chanteurs en faveur des 14 religieuses.

En octobre 1996, le C.S.P.T, avec le Tibet Information Network de Londres, est la première organisation occidentale à être informée que la peine d’emprisonnement de la jeune femme est désormais portée à 18 ans pour insubordination. Refusant d’obtempérer lors d’une visite d’officiels chinois, elle crie « Vive le Tibet libre ! » S’en suivent alors tortures, privations et mise en cellule d’isolement.

Libérée grâce aux pressions internationales en octobre 2002, puis extradée en mars 2003 vers les States, elle parcourt désormais le monde pour témoigner, malgré un  état de santé fragile

Véritable Jeanne d’Arc des temps modernes, Ngawang Sangdrol résista à une occupation brutale et barbare, dont l’objectif final est l’éradication d’un peuple et d’une culture ancestrale, pour qui la non-violence est la seule véritable force.

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Rayana Sadoulaeva

24 octobre 2006 2 commentaires
La guerre qui a sévit en Tchétchénie les a fauchés, un par un, à l’aveugle. Il y a Chudri, brûlé à 80% par la chute d’un câble électrique lors d’un bombardement; Aslan, belle gueule carrée, épaules d’athlète dans son fauteuil roulant, qui a perdu ses jambes en sautant sur une mine antipersonnel dans le pré où il rassemblait ses moutons; Hassan, qui a heurté du pied un fil anodin, à la station de bus, un soir où il rentrait avec son frère de leur cours de karaté. L’explosion lui a arraché une jambe et un œil. Iriskhan, que sa mère avait envoyé en attendant l’heure du repas – c’était ramadan; il avait faim, s’impatientait – jouer dans le jardin où est tombée la bombe. Il a deux jambes en plastique, un œil de verre. Il y a tous les autres, le frêle Islam, miraculé qui attend sur ses béquilles de pouvoir être appareillé; les filles, discrètes, qui dissimulent une prothèse sous leur jean; celle en fauteuil roulant qui ne tient plus sur ses jambes sans qu’on sache vraiment pourquoi; ceux qui n’ont «rien» mais ont vu mourir tous les leurs, survécu à l’insoutenable et n’arrivent pas à s’en remettre. Ce soir, c’est autre chose. La guerre est loin. Ils sont entre eux et en vacances à Nalchik, république voisine de Kabardino-Balkarie, et c’est l’heure de la «discothèque». À la tchétchène. Musique incantatoire, rythme effréné de la danse traditionnelle, dite « des aigles dans la montagne ». Eclats de voix et de rire. L’air est doux, l’ambiance très gaie. Ce soir, ils sont juste jeunes, en vie, heureux de l’être. Ça n’est pas allé de soi. Cinq ans déjà que Rayana Sadoulaeva et son équipe tiennent par les épaules – ils sont les seuls à le faire ainsi – ces jeunes fracassés par la guerre. Avec une association dont le nom évoque autant le cri d’alarme que l’élan salvateur : Spasiom Pakalenie, « Sauvons la génération! »
 
Génération Poutine. L’écrasante riposte du Kremlin à la volonté d’indépendance des Tchétchènes a fait en deux guerres successives, selon les estimations, entre 150000 et 300000 morts : 20% de la population (dont 35000 enfants). Et quelque 3800 mutilés à vie, dont près d’un millier d’enfants – victimes non reconnues d’une guerre qui ne l’est pas non plus par les autorités russes puisqu’il s’agit officiellement d’une « opération antiterroriste ». « Sur le papier, ils sont déclarés “handicapés depuis l’enfance”. Ils n’ont droit à aucune réparation. Nous faisons ce que nous pouvons, mais en cinq ans de travail nous avons couvert à peine 20% des besoins physiologiques ou psychologiques de ces jeunes. » L’appareillage, déjà, pose problème. Entièrement détruit en 1999, l’hôpital de Groznyï qui fabriquait des prothèses a rouvert l’année dernière. Avec des débutants, un matériel sommaire, souvent inadapté, qui fait souffrir. L’Unicef prévoit le financement d’un programme. En attendant, il faut bricoler, réunir les fonds pour envoyer l’un ou l’autre à Moscou ou Saint-Pétersbourg, réopérer parfois. Un mécène allemand a financé une équipe de chirurgiens. Ils sont venus à quinze à Groznyï, en mars dernier, effectuer près de 150 opérations en tout genre, et prévoient une deuxième intervention cet hiver. Rayana, qui se débat comme elle peut, leur rend grâce, tout en s’étonnant. « Après le drame de Beslan, le monde entier s’est ému, de nombreux pays ont apporté de l’aide. On a construit trois centres de réhabilitation. Pas un seul en Tchétchénie. Pourquoi? Nos enfants ont-ils vécu moins d’horreurs en dix ans de guerre que ceux de Beslan ? Pourquoi s’intéresse- t- on moins à eux qu’aux victimes de n’importe quel accident d’avion dans le monde? ».
 
Avec quarante tonnes de bombes, roquettes ou mines non explosées, la Tchétchénie est aujourd’hui, proportionnellement au nombre d’habitants, le pays le plus miné au monde. « Il y a des mines partout, de toutes sortes, dit-elle, les fameuses mines papillon jetées d’hélicoptère et même des briquets, des stylos. Le plus souvent, les accidents se produisent en allant chercher du bois à la campagne il n’y a plus de gaz pour se chauffer – ou en allant récupérer des briques et du métal dans les décombres pour les revendre. Ce sont des jeunes surtout qui sautent, des garçons, chargés des corvées. » Vingt-six victimes en six mois dont six enfants; le dernier, âgé de dix ans, enlevait des ordures dans la rue. Il n’y a pas de déminage. Les Russes affirment qu’ils n’ont pas de plans de mines : toujours l’opération antiterroriste. Les plans, c’est pour la guerre.
 
Après 1996 et la fin de la première guerre, Rayana est restée prostrée dans son village. En 1999, quand a éclaté la deuxième guerre, elle ne voulait plus subir mais agir. La réponse à son désir est venue d’une rencontre fortuite avec une responsable de l’Unicef, en Ingouchie, où elle était réfugiée avec sa famille, comme beaucoup de ses compatriotes. Elle a commencé à travailler avec elle, et en 2001, elle avait vingt-sept ans, et puis elle a fondé son association. L’Unicef la soutient en partie ainsi que d’autres femmes tchétchènes remarquables qui se battent ailleurs.
Elle a monté il y a deux ans un jeu télévisé qui remporte un franc succès, avec un questionnaire sur les mines; une pièce de théâtre sur le même sujet tourne dans les écoles. Des clips d’information sont en préparation. Dans le petit centre de réhabilitation qu’elle a ouvert en ville, Rayana reçoit chaque nouvelle victime. Soins, rééducation, réconfort. Et projection vers un futur possible : un petit centre de formation à l’informatique financé par Handicap international accueille depuis l’année dernière quelques élèves. Elle projette l’ouverture d’un centre ressources avec bibliothèque et Internet. Pas un seul cas ne lui échappe. Elle ne prend pas seulement le jeune en charge. Elle soutient aussi sa famille. Entourée d’une formidable équipe d’éducateurs tout aussi motivés qu’elle, elle a suscité des miracles : amputés, l’une d’un pied, l’autre d’une main, Elisa et Magamed ont participé au festival de danse de Minsk, Aslan est allé disputer au Daghestan un championnat de bras de fer avec un champion russe, médaillé d’argent. Il a gagné, est invité à Moscou et rêve de figurer un jour dans les Jeux paralympiques.
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Ahmed Chah Massoud (1953-2001)

Fils d’un officier supérieur de la monarchie Afghane, Massoud est né en 1953 dans le village de Jangalak, dans la vallée du Panjshir. Il a suivi ses études au lycée français Isteqlal de Kaboul, où il a appris le français, avant de faire des études d’ingénieur du génie civil à l’École polytechnique de Kaboul. Jaloux de l’indépendance de son pays, il rejoint la Résistance et la clandestinité en 1973, dès le coup d’État fomenté par le prince Daoud. Pendant cinq années, il fait le coup de feu en compagnie d’à peine une centaine d’hommes, armés de fusils datant du début du siècle.

Les communistes prendront officiellement le pouvoir en 1978, et en 1984, au plus fort de la guerre contre les troupes soviétiques, Ahmed Chah Massoud crée et prend la tête du Conseil de surveillance, qui va vite devenir le véritable centre politique de tout le nord de l’Afganistan — au total son influence s’étend sur 15 des 29 provinces afghanes —, avec des attributions très larges comprennant : affaires politiques, administratives et militaires. Il est un tacticien et un stratège hors pair et le seul chef de la Résistance à avoir jamais réussit à imposer une trêve avec l’Armée Rouge en échange de son retrait.

Indépendant et opposé aux extrémistes religieux ou politiques, il a toujours eu des relations tumultueuses avec les Pakistanais, les Américains, les Saoudiens, comme avec les tendances pro-iraniennes ou prosaoudiennes de son propre parti, le Jamiat-Islami.

Sa réputation, et notamment son surnom du « lion du Panshir », vient du fait qu’il avait réussi à repousser sept attaques d’envergure des troupes soviétiques contre sa vallée du Panjshir et aussi de sa personnalité : seul un caractère bien trempé pouvait envisager de lutter seul contre les talibans et seul un esprit avisé pouvait, tout en étant musulman pratiquant, lutter contre les islamistes. Enfin seul Massoud pouvait imaginer la « libération » des femmes afghanes « en respectant la volonté (du maintien de la soumission féminine) du peuple afghan ».

Il a été tué dans un attentat suicide le 9 septembre 2001 à Khwadja Bahuddin, dans la province de Takhar au nord-est de l’Afghanistan : les terroristes avaient pu l’approcher en se faisant passer pour des journalistes munis de faux passeports belges. Sa mort a précédé de deux jours les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis ; il est raisonnable de penser que les deux événements étaient coordonnés. L’élection présidentielle afghane d’octobre 2004 montre que sa présence aurait modifiée les rapports entre l’armée des occidentaux et le peuple afghan, mais aussi l’attitude indisciplinée des seigneurs de guerre afghans, et le « renouveau » des talibans. A plusieurs reprises, il avait essayé d’attirer l’attention de la communauté internationale sur le danger représenté par Oussama ben Laden.

www.kayakif.on-web.fr/massoud/index.htm

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Ray Charles (1930-2004)

Né d’une union illégitime, en Georgie, dans la petite ville d’Albany, le 23 septembre 1930, Raymond Charles Robinson n’a pas la chance de grandir dans un milieu favorisé. Il est élevé par l’épouse de son père présumé, dans des conditions extrêmement difficiles que vient compléter la mort de son petit frère George en 1935, noyé dans une lessiveuse. Quelques mois plus tard, Ray est atteint d’un glaucome qui le plonge définitivement dans l’obscurité. Il a cinq ans, et la vie charrie son lot de souffrances, comme un vieux blues né dans les plantations de coton.

Découverte de la musique
C’est dans la musique que le petit Ray trouve son réconfort. Tout d’abord en découvrant le piano avec son vieux voisin, qui lui fait pour la première fois caresser le clavier. Puis, entré à l’école pour aveugle de San Augustine à l’âge de sept ans, il y découvre les plus grands musiciens classiques et modernes, et y développe une oreille musicale parfaite.

Pendant des années, il apprend à vivre avec son handicap. Il perd successivement sa mère et son père, à quelques années d’intervalle. Orphelin, il n’a plus aucune raison de revenir dans sa Georgie natale. Il se plonge avec encore plus de frénésie dans l’apprentissage de la musique.

Sa cécité n’est plus un obstacle pour lui et il fonde, à dix-sept ans, dans la ville de Seattle, sa première formation jazz, le Mc Son Trio, et compose ses premières chansons. Il fait aussi la connaissance de sa première compagne, Louise Mitchell, qui lui donnera un enfant (il en aura en tout onze avec de nombreuses femmes !) et, surtout, de celui qui allait devenir son meilleur ami et un grand producteur: Quincy Jones.

Puis Ray devient le musicien attitré de plusieurs artistes déjà reconnus, et en profite pour changer son véritable nom en Ray Charles, évitant ainsi l’homonymie d’une autre célébrité Ray "Sugar" Robinson.

C’est à Seattle que Ray Charles commence réellement sa carrière. De clubs en boîtes de nuit, tout le monde se presse pour écouter ce génie noir et aveugle, réinventer la musique noire américaine, à base d’un sublime cocktail de gospel, de jazz, de blues et de soul. Nous sommes au début des années 50 et la légende Ray Charles est en marche.

I’ve Got a Woman
Ses premiers succès ont un parfum de scandale, notamment le torride I’ve Got a Woman en 1954, qui choque les puritains et ravit les opprimés. Ces derniers trouvent en Ray Charles, une forme de rébellion contre le système, les injustices, et le racisme.

Si le musicien sombre lentement dans la drogue, sa musique, elle, a la force explosive du rock, et agite les années 50. Durant des années, son existence sulfureuse le conduit de défaites en divorces, de conquêtes en échecs, et le prend au piège de l’héroïne.

What I’d Say
La magie Ray Charles prend toutefois naissance au début des années 60 avec l’incontestable succès planétaire de plusieurs de ses tubes: Georgia on my Mind en 1960, Hit the Road Jack en 1961, puis le magique What I’d Say, devenu son titre phare et l’une des chansons les plus célèbres au monde.

Sa voix chaude est inimitable. Son succès auprès des jeunes et des femmes est gigantesque. Le petit enfant pauvre et aveugle d’Albany a pris sa revanche. Il conquiert ensuite l’Europe et chante pour la première fois à Paris en octobre 1961, où sa prestation fédère la jeunesse, la profession et les amateurs de musique soul.

Après une arrestation à Boston en 1964 en possession d’héroïne, le musicien s’engage à suivre une cure de désintoxication et se débarrasse enfin de la drogue en quelques mois. Sa carrière s’en trouve grandie, son état de santé lui autorisant plus aisément les interminables tournées, interviews et séances d’enregistrement.

10.000 concerts…
Il consacre le reste de sa carrière aux concerts, jusqu’à son 10.000ème le 22 mai 2003. Durant des décennies, sa notoriété ne fléchira pas. Il continue de composer, d’enregistrer, de se produire en concerts dans le monde entier. Il enregistre pour le cinéma ou participe à la chanson We Are The World, pour laquelle nombre d’artistes américains chantent contre la famine en Afrique.

Sa notoriété est permanente et sans faille. Personne ne parvient jamais à égaler cet artiste hors-norme. Les plus grands artistes noirs, de Steevie Wonder à Qincy Jones, reconnaissent en lui The Genius et se rassemblent pour lui rendre hommage.

Sans égal, Ray Charles a su s’extirper de la misère à laquelle il était condamné. De ses handicaps sociaux, physiques, raciaux, il a fait une force et est devenu, en quelques années, un des plus grands musiciens noirs américains de tous les temps, l’égal d’une Ella Fitzgerald, d’un Miles Davis ou d’un Nat King Cole.

Il consacrera sa vie à la musique, sa seule réelle façon de "voir" le monde et d’exprimer son "âme". Il s’est approprié le jazz, le blues, la soul, et même la country, pour inventer un style indéfinissable et inimitable. I’ve Got a Woman, What I’d Say, Unchain My Heart, Hit The Road Jack, Georgia On My Mind, sont autant de tubes interplanétaires qui resteront à jamais gravés en nous, et qui marquent définitivement le style Ray Charles sans jamais pouvoir l’expliquer.

 

www.raycharles.com

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